N’écoutez pas, mesdames

Salle Gounod
Samedi 30 octobre 2021, 20h30
Durée 1h40

De : Sacha Guitry
Mise en scène : Nicolas Briançon

Daniel découvre que sa femme n’est pas rentrée de la nuit pour la seconde fois… Dès lors qu’il soupçonne son épouse d’entretenir une liaison avec un autre homme, il envisage le divorce et finalement, la prie de s’en aller. Aussitôt Valentine, la première épouse de Daniel, accourt pour le reconquérir. L’intrigue se noue dans un chassé-croisé de malles pour se terminer dans un feu d’artifice de rebondissements !


Michel Sardou – dans le rôle de Daniel Bachelet
Nicole Croisille – dans le rôle de Julie Bille en bois
Magali Lange – dans le rôle de Madeleine Bachelet
Aude Thirion – dans le rôle de Valentine Clin
Eric Laugerias – dans le rôle du Commissaire
Patrick Raynal – dans le rôle de Michel Aubrions
Laurent Spielvogel – dans le rôle de Mr Le Canut et le Commissaire
Michel Dussarrat – dans le rôle de Mr Blandinet
Dorothée Deblaton – dans le rôle de Henriette Haleydon

Décors : Jean Haas
Costumes : Michel Dussarrat
Lumières : Jean-Pascal Pracht
Musiques : Gérard Daguerre


NOTE D’INTENTION DU METTEUR EN SCÈNE 

Une des comédies les plus brillantes, drôles, fantasques du grand Sacha. Inépuisable charmeur et misogyne impénitent, on a tout dit de Guitry. Son intelligence, son invention, sa fantaisie et sa modernité. Mais a-t-on assez souligné sa lucidité, son intelligence qui lui font saisir son époque et ses évolutions. Il a 57 ans lorsqu’il écrit « N’écoutez pas Mesdames » un

 âge où la conscience du temps qui passe devient plus âpre. A-t-il appris des femmes au cours de ces années ? Que s’est-il passé depuis « Nono » ou « Faisons un rêve » ? C’est dans le fond ce que raconte la pièce. Bien sûr le personnage masculin nous livre avec cruauté et drôlerie son amertume, sa lassitude, son exaspération parfois vis-à-vis du sexe féminin et on aura du mal à défendre totalement la vision d’un Guitry féministe, mais comme toujours avec cet auteur, il est bon de ne pas trop se fier aux apparences. La pièce décrit également un homme qui assiste, dépassé, à l’émergence d’une génération de femmes qu’il ne comprend pas, parce que trop libre, ou trop intellectuelle ou qu’il comprend sans parvenir à l’aimer tout à fait. Une incompréhension d’une époque différente dont il ne maitrise ni les codes, ni le vocabulaire, ni la morale. Dans de nombreuses pièces de Guitry le personnage semble dominer la situation, la maitriser, en initier l’intrigue. Ici, il la subit. Elle lui échappe. Comme lui échappent ces femmes trop libres ou trop sophistiquées pour rester dans un cadre trop étroit. La symbolique du métier choisi pour son personnage principal (il est antiquaire), homme du passé qui cherche à préserver, à maintenir, alors que tout autour de lui évolue, bouge, avance, en dit long sur ce qui anime Guitry dans ce moment de sa vie. Au delà de la comédie brillante, il y a la un constat désabusé sur le temps qui passe, sur nos erreurs, sur le goût qui nous saisit parfois du passé toujours plus séduisant. Mais dans un effort de lucidité admirable, Guitry sait qu’il ne sert à rien de s’opposer au temps qui passe. Il en souffre, il le voit, il le comprend et il l’accepte. Il y a une nostalgie infinie sous le masque toujours drôle et brillant. Il y a la douleur des femmes qu’on ne séduira plus, des sourires qui ne s’adressent plus à vous, et comme un coup d’œil jeté par dessus son épaule vers le jeune homme qu’il a été, qui a aimé, qui a vécu, et qui a laissé la place à cet homme qui regarde maintenant l’avenir en sachant que rien ne sera plus comme avant. Guitry est un immense auteur.

Nicolas Briançon


 SACHA GUITRY

Georges-Alexandre Guitry, qui adoptera très tôt le diminutif Sacha, naît en Russie car son père Lucien, illustre comédien, fait partie de la troupe du théâtre français de Saint-Petersbourg. Sa mère était également comédienne, Renée de Pontry. Il apparaît sur les planches dès l’âge de 5 ans, dans le rôle du fils d’un Pierrot interprété par son père. S’il aime fréquenter l’univers du théâtre, Sacha est en revanche un élève médiocre et turbulent. Auteur d’une première pièce, « Le Page », en 1901, il connait le succès avec la suivante, « Nono », en 1905.
Un temps illustrateur pour des publicités, Sacha Guitry fait ses débuts au cinéma en signant en 1915 un documentaire en forme de célébration des artistes français, « Ceux de chez nous » . Il écrit en 1917 le scénario de « Un roman d’amour et d’aventures ». Il devient alors une figure majeure du théâtre, à la fois comme dramaturge et comme acteur. Si plusieurs de ses pièces caustiques sont adaptées à l’écran par d’autres dans les années 20, lui ne se collera à l’exercice qu’en 1935 avec « Pasteur ». Suivront entre autres « Le Nouveau Testament », « Mon père avait raison » ou encore « Faisons un rêve » (1936).
Continuant de pratiquer son art dans la France occupée – raison pour laquelle il sera emprisonné pendant deux mois à la libération, et sévèrement critiqué -, il réalise pendant la guerre le film à sketchs « Ils étaient neuf célibataires » puis « Le Destin fabuleux de Desiree Clary ».
Auteur dramatique prolifique, il a écrit 124 pièces de théâtre, dont beaucoup furent de grands succès. Il a également réalisé trente-six films (dont dix-sept adaptations de ses pièces), jouant dans la quasi-totalité d’entre eux.
« N’écoutez pas Mesdames » à été créée au Théâtre de la Madeleine en 1942, dans cette pièce, Sacha Guitry interprétait le rôle principal de Daniel Bachelet.
A propos de «N’écoutez pas Mesdames» : Dominique Desanti, dans la biographie qu’elle lui a consacrée, remarque aussi : « Sous les répliques spirituelles court l’angoisse de l’homme vieillissant face à une femme trop jeune qui lui échappe… ce qu’il trouve à la fois insupportable et naturel ».
Sacha Guitry, par son élégante désinvolture et sa dimension inclassable, apparaît aujourd’hui comme l’un des auteurs dramatiques incontournables de cette époque.


 

NICOLAS BRIANÇON

Comédien-metteur en scène, Nicolas Briançon a commencé dans la troupe de Roger Louret, aux côtés de Muriel Robin, d’Annie Grégorio, de Bernard Fau, de Nicolas Marié, et de bien d’autres.

Il a joué ensuite à la Comédie Française dans « Turcaret » au côté de Roland Bertin, avec Jean Marais dans « Le Bacchus » et « La Machine infernale » de Jean Cocteau. Au côté de Daniel Ceccaldi dans « Enfin seuls » et dans « Les Directeurs » de Daniel Besse mis en scène par Etienne Bierry.
Depuis le milieu des années 1980, Nicolas Briançon se distingue particulièrement en tant que metteur en scène. Son crédo ? Proposer des spectacles populaires accessibles à tous. Passant allégrement d’un genre théâtral à un autre, il met en scène aussi bien des vaudevilles que des tragédies ou des pièces du répertoire contemporain.
Parmi les nombreuses mises en scène de Nicolas Briançon, on compte notamment « Le Menteur » de Corneille en 2002, « Le Prince travesti » de Marivaux en 2004, « Le Manège » de Florian Zeller en 2005, ou « La Nuit des rois » de Shakespeare en 2009. Plus récemment, « Le Songe d’une nuit d’été », « Volpone » « Roméo et Juliette » ou encore
« Jacques et son maître », ont remporté un grand succès public et critique. Il obtient le Molière du metteur en scène de théâtre privé pour « Voyages avec ma tante » en 2015.
Au cinéma, il a tourné avec Valéria Bruni-Tedeschi, Cedric Kahn, Sophie Marceau, Maiwenn, Olivier Assayas, Audrey Dana, Michele Placido, ou Nicolas Bedos, entre autres. Et dans de nombreux téléfilms, dont plus récemment deux séries phares de Canal + : « Maison Close » et « Engrenages ».
Parallèlement à sa carrière d’acteur et de metteur en scène, Nicolas Briançon a pris, depuis 2004, la succession de Francis Perrin et Jean-Claude Brialy à la direction artistique du festival d’Anjou, après avoir dirigé le Festival de Vallauris et celui de Bonaguil durant dix ans.
En 2017, Nicolas Briançon met en scène au Théâtre de la Madeleine « Faisons un rêve » de Sacha Guitry, il révélera de nombreuses fois adorer se plonger dans les oeuvres de l’auteur a qui il voue une immense admiration.
On a pu le voir très récemment dans sa propre mise en scène du « Canard à l’orange » de William Douglas Home au Théâtre de la Michodière, nommé sept fois aux Molières 2019.


 

MICHEL SARDOU

Michel Sardou a fêté ses 50 ans de carrière de chanteur en 2015, son premier disque « Le madras » est sorti le 10 novembre 1965. Michel Sardou fait partie des plus grandes figures de la chanson française, plus de 350 chansons à son répertoire et de très nombreux succès, et 100 millions de disques vendus !

Le 12 avril 2018, il met un terme à sa carrière de chanteur, lors d’un dernier concert à la Seine Musicale de Boulogne- Billancourt. Michel Sardou ne montera plus sur scène pour chanter mais il n’a pas dit adieu au Théâtre ! (Pour notre plus grand bonheur)

« Enfant de la balle », fils unique de la danseuse et comédienne Jacqueline Labbé (Jackie Sardou) et du chanteur et comédien Fernand Sardou, petit-fils de Valentin Sardou, il est l’héritier d’une longue tradition familiale dans les métiers du spectacle. Jackie Sardou à notamment joué dans « N’écoutez pas Mesdames » en 1985 avec Pierre Dux et Micheline Boudet.

Petit, il fait de la figuration aux côtés de sa mère dans « Le chômeur de Clochemerle ». Après l’arrêt de ses études, son père l’engage dans son cabaret à Montmartre. Parallèlement, il s’inscrit au cours de théâtre d’Yves Furet et y fait la connaissance de Michel Fugain.

Michel Sardou, qui a fait très jeune ses premiers pas devant une caméra, décroche son premier vrai rôle au cinéma en 1982 dans « L’été de nos 15 ans » réalisé par Marcel Jullian. En 1990, il rejoint le casting de « Promotion canapé », puis fait une incursion sur le petit écran avec le téléfilm « L’Irlandaise » (1993).

Sa carrière au théâtre débute en 1996, il obtient son premier rôle dans « Bagatelle(s) » et partage l’affiche avec Natacha Amal et Frédéric Diefenthal.

Puis : « Comédie privée »(1999), « Secret de famille » (2008), « Si on recommençait » (2014). En 2016, il joue dans

« Représailles » d’Eric Assous aux côtés de Marie-Anne Chazel au Théâtre de la Michodière. Trois ans après ce beau succès, Michel Sardou signe son retour au Théâtre avec ce texte mythique de Sacha Guitry « N’écoutez pas, Mesdames !» comédie en trois actes, jouée pour la première fois par Sacha Guitry en 1942 sous l’ occupation au Théâtre de la Madeleine.

Michel Sardou rêvait depuis des années de jouer cette pièce culte. Il confiait à Laurent Ruquier : « Je trouve que le monologue d’entrée de cette pièce, qui fait plusieurs pages, est très difficile à jouer. Cela a été joué par d’immenses acteurs, si j’arrive un jour à relever ce défi, si on me donne l’occasion de jouer ça un jour, je pourrai dire que je suis comédien.»