Moby Dick

Inspiré du roman d’Herman Melville

Une mise en scène de Yngvild Aspeli

Théâtre / Marionnette / Vidéo

A partir de 14 ans / Durée estimée 1h50


Mise en scène – Yngvild Aspeli

Assistant mise en scene Pierre Tual

Dramaturgie Pauline Thimonnier

Créé avec les acteurs et marionnettistes Pierre Devérines, Sarah Lascar, Daniel Collados, Alice Chéné, Viktor Lukawski, Maja Kunsic et Andreu Martinez Costa

Composition musique Guro Skumsnes Moe et Ane Marthe Sørlien Holen avec Havard Skaset

Fabrication marionnettes Polina Borisova, Yngvild Aspeli, Manon Dublanc, Sebastien Puech, Elise Nicod

Scenographie – Elisabeth Holager Lund

Lumiere – Xavier Lescat et Vincent Loubière

Video David Lejard-Ruffet

Costumes – Benjamin Moreau

Son – Raphaël Barani

Regard exterieur – Paola Rizza

Diffusion Claire Costa

Administration – Anne-Laure Doucet et Gaedig Bonabesse

 


Moby-Dick (titre original en anglais : Moby-Dick; or, The Whale ; « Moby-Dick ; ou, le Cachalot ») est un roman de l’écrivain américain Herman Melville paru en 1851, dont le titre provient du surnom donné à un grand cachalot blanc au centre de l’intrigue.

Melville, qui fut lui aussi marin, et notamment baleinier de 1840 à 1842, comme la plupart des héros de ses romans, s’est inspiré de faits réels :

  • Les cachalots poursuivis portaient souvent un nom, Melville en cite quatre au chapitre 45 : Don Miguel du Chili, Morquan du Japon, Jack de Nouvelle-Zélande (qu’il nomme Tom quelques lignes plus loin), Tom Timor.
  • Le naufrage du baleinier Essex, qui sombra en 1820, après avoir été éperonné par un grand cachalot, 3 700 km au large des côtes de l’Amérique du Sud. L’un des marins survivants, Owen Chase, consigna cette aventure dans un livre qui parut en 1821. Herman Melville, qui a découvert le récit de ce naufrage en 1841 à l’occasion de sa rencontre avec le fils d’Owen Chase, s’en est inspiré pour l’écriture de son roman Moby Dick, paru en 1851.
  • L’existence d’une baleine blanche, dans les années 1830, souvent aperçue à proximité de l’île chilienne de Mocha. Criblée de harpons, Mocha Dick attaquait régulièrement les baleiniers. Mais contrairement au drame de l’Essex, aucune allusion dans le roman ni dans la correspondance de l’auteur n’authentifie cette référence, malgré l’essai de J. N. Reynolds intitulé Mocha Dick, ou la baleine blanche du Pacifique (1838).

La rédaction du livre fut entamée en 1850. Le roman fut d’abord publié à Londres en octobre 1851 sous le titre The Whale (Le Cachalot) — cette édition était incomplète et le titre n’était pas celui voulu par Melville. C’est peu de temps après, lors de sa parution américaine, en novembre de la même année, que l’ouvrage prit le nom de Moby-Dick; or, The Whale (Moby-Dick ou le Cachalot).


NOTE D’INTENTION

Mon grand-père était marin. Il avait une femme nue tatouée sur son bras.

De lui, je garde en mémoire comme une odeur de poisson et de sel, de goudron et de tabac. Un portrait enfumé construit à partir des histoires que ma mère me racontait à son sujet. Notre maison était remplie d’objets étranges, ramenés de ses voyages :

Un hippocampe séché, un éléphant sculpté en bois d’Inde, des tasses de porcelaine chinoises révélant des portraits de femmes à la lumière, un bébé crocodile empaillé… Mon grand-père venait d’une île sur la côte ouest de la Norvège, un petit port rempli de navires et de langues étrangères, de pêcheurs, de marins et d’enfants attendant le retour de leurs pères.  Un paysage de vent et de femmes debout scrutant l’horizon, priant l’océan qu’il leur ramène leurs hommes à la maison. Des visages usés et salés, des mains calleuses et des églises avec des bateaux suspendus à leur plafond dans l’espoir d’une protection. Un cimetière, si aride et rocheux, qu’il fallait le remplir avec la terre qui servait comme ballast sur les navires qui venaient acheter le poisson séché et salé, pour pouvoir enterrer les morts. Mes ancêtres sont donc enterrés avec de la terre provenant du Portugal. La mer nous relie. Cette créature à l’humeur changeante qui embrasse les continents et dessine des lignes invisibles reliant les différentes terres du monde. Qu’on l’insulte, qu’on le loue, l’océan vit selon ses propres règles immuables. Nous sommes fascinés par sa beauté éblouissante et effrayés par sa violence sans pitié. Face à lui, nous sommes tous égaux, infiniment petits face à cette force de la nature.

Personne ne saisit cette bataille entre l’homme et la nature comme Hermann Melville dans Moby Dick. Une ancienne baleine blanche et un capitaine qui dirige son navire vers la destruction. Une confrérie d’hommes rugueux dans un bateau en équilibre sur la surface d’une profondeur infinie du monde sous-marin. Face à l’immensité de la mer, les grandes questions de l’existence se soulèvent dans le cœur humain. Moby Dick raconte l’histoire d’une expédition baleinière, mais c’est aussi l’histoire d’une obsession, et une enquête sur les inexplicables mystères de la vie. La simple histoire d´un voyage en mer prend une autre dimension à travers le récit captivant et irrésistible de Melville, et nous emmène dans une plongée vertigineuse à l´intérieur de l´âme humaine. Moby Dick est un livre vers lequel on revient, encore et encore, pour à chaque fois découvrir une nouvelle idée. Il est captivant, drôle et rempli d’une étrange sagesse. Je souhaite traduire ce grand livre dans une pièce de théâtre visuel. Avec sept acteurs, une cinquantaine de marionnettes, des projections-vidéos, un orchestre englouti et une baleine grandeur nature, j’aimerai mettre en scène  ce magnifique monstre de la littérature. »

Yngvild Aspeli


BIOGRAPHIE

Yngvild Aspeli, directrice artistique de Plexus Polaire, développe un univers visuel qui donne vie aux sentiments les plus enfouis. Les marionnettes de taille humaine sont au coeur de son travail. Mais la double présence de l’acteur-marionnettiste, la musique, la lumière et la vidéo, participent à la création d’un langage étendu pour servir et communiquer l’histoire.

Metteure en scène, actrice et marionnettiste, Yngvild Aspeli, a fait ses études à l’Ecole Internationale de Théâtre Jacques Lecoq à Paris (2003-2005), puis à l’Ecole Nationale Supérieure des Arts de la Marionnette (ESNAM) à Charleville-Mézières (2005-2008).

Au sein de Plexus Polaire, elle a créé: Signaux, Opera Opaque, Cendres et Chambre Noire. Elle travaille actuellement sur l’adaptation sur Moby Dick.

“L’utilisation des marionnettes est au centre de mon travail, mais je considère que le jeu d’acteur, la présence de la musique, l’utilisation de la lumière et de la vidéo, ainsi que le traitement de l’espace, sont des éléments tout aussi importants dans la communication de l’histoire. C’est dans la rencontre de ces différentes expressions qu’un langage étendu se crée, ouvrant à une narration multi-sensorielle.

Une histoire se comprend par les mots, mais aussi par une sensation, ou une ambiance ; le choix de matériaux et la palette de couleurs racontent une émotion, une présence sonore fait sentir une atmosphère sous-jacente, et la qualité de mouvement peut exprimer des états. Le théâtre de marionnette est une forme qui se réinvente constamment, qui traverse sans peur les frontières des autres disciplines artistiques. C’est une expression artistique qui dépasse la classification. Ce n’est pas qu’une forme, ou une technique, c’est un regard, une langue, un état d’esprit. Quand je crée un spectacle, mon point de départ est souvent une œuvre littéraire, et je travaille à traduire le texte dans un langage visuel ; à faire de l’histoire une expérience physique, où le tout raconte. À créer une réalité étendue, où l’histoire est transmise sur plusieurs niveaux parallèles ; une dramaturgie qui se construit par des strates superposées, dans une verticalité, plutôt que sur une ligne horizontale. Entrer dans une situation, ou un état spécifique, et l’utiliser comme prisme : c’est une histoire, et c’est toutes les histoires. Il est dit qu’il n’existe que sept histoires de base, et que toutes les histoires sont des variantes de celles- ci. Ce qui se change, ce qui rend l’histoire personnelle et actuelle, c’est qui raconte l’histoire, ainsi que dans quel contexte social, et surtout comment l’histoire est racontée.

Pour moi, c’est important d’avoir accès aux histoires alternatives. D’être exposée aux différents points de vue et manières de faire. Le mélange entre les différentes expressions artistiques est central dans la construction de mes spectacles. Avec les dessins en direct, Signaux s’inspirait des codes de l’art visuel. L’intégration des projections vidéo dans Cendres crée des références cinématographiques, et ma dernière création Chambre noire se situe quelque part entre spectacle et concert. L’espace flou entre faits réels et fiction me fascine. Cela permet d’ancrer l’histoire dans la réalité, tout en laissant la place au spectateur d’être co- créateur, de voir et comprendre sa propre version de l’histoire. La relation avec le public est très précieuse pour moi dans le processus même de finalisation d’un spectacle, et je continue de faire des changements et de développer le spectacle bien après la première. J’ai besoin des réactions et des rencontres avec le public pour que le spectacle trouve sa forme finale. C’est cet espace entre scène et salle qui porte la force fragile du spectacle vivant.

Aussi dans les thématiques, ce sont ces « entres » qui m’intéressent ; les transitions imperceptibles, les frontières irréversibles, les zones floues. Le fait qu’il n’y ait pas une réponse déterminée, pas de vérité en noir sur blanc, mais qu’au contraire nous soit donnée à voir la complexité de la vie, et de l’être humain. C’est le mélange impossible de failles et de forces, qui rend une histoire reconnaissable, et vraie.

Le jeu entre acteur et marionnette, et comment la double présence de l’acteur marionnettiste permet une communication sur plusieurs niveaux simultanément. Le fait d’utiliser la marionnette comme une représentation stylisée de nous-mêmes, dans une tentative de nous regarder avec un peu de distance, d’utiliser le trouble qui se crée quand le centre est déplacé et les rôles renversés, pour visualiser des thématiques complexes. Un travail qui cherche à faire sentir plus qu’à expliquer. Qui ouvre à des questions plutôt que sur des réponses. Chercher une expression pour ce que nous ne pouvons pas forcement voir, ou expliquer, mais que nous pouvons pourtant sentir, et comprendre.”


ACTEURS, MARIONNETTISTES ET MARIONNETTES

«D’où vient que les vivants s’acharnent à réduire les morts au silence ?

Il me semble que nous avons fort mal compris cette question de la Vie et de la Mort ; que ce que l’on appelle mon ombre sur terre est ma véritable substance ; que, lorsque nous considérons les choses spirituelles, nous ressemblons par trop à des huîtres qui, observant le soleil à travers l’eau de mer, prennent cette eau épaisse pour l’air le plus impalpable ; et que mon corps n’est que la lie de mon être supérieur. Prenne mon corps qui veut ! Prenez-le, vous dis-je, il n’est pas à moi.

D’où vient que les vivants s’acharnent à réduire les morts au silence ? »

Extraits, Moby Dick

La langue de Melville est magnifique, riche et complexe. Tout ce qu’il écrit est porteur d’un aspect métaphysique. Par sa langue, il transforme cet ordinaire récit de voyage en une vertigineuse odyssée sur la nature humaine.

Le texte sera en partie porté par les marionnettes où la diversité des langues qui compose l’équipe artistique recréera au plateau cette tour de Babel flottante. Le personnage d’Ismaël, le narrateur et seul survivant de cette chasse à la baleine, sera joué par un acteur, Pierre Déverines. Pour donner accès au public à la dimension métaphysique du roman, sa partition sera jouée dans la langue du pays accueillant le spectacle. Ce qui permettra de travailler en contact direct avec le public, d’interroger le rapport à la fiction, d’explorer la force pure de l’histoire et la magie du théâtre pour trouver l’endroit où l’on se laisse emporter…

Le chœur des six acteurs-marionnettistes composé de trois hommes (Daniel Collados, Andreu Martinez Costa, Viktor Lukawski), et de trois femmes (Alice Chéné, Sarah Lascar et Maja Kunsic) aura une présence cruciale : des ombres, des fantômes ou tous les hommes et femmes disparus dans le sombre infini de la mer et remontés des profondeurs pour raconter cette histoire ; des tisseurs des fils de la vie ou des déesses du destin.

Le rôle des acteurs-marionnettistes sera déterminant dans la relation énigmatique entre le capitaine Achab et Fedallah, un des cinq clandestins invités en secret par Achab au bord du navire. Fedallah est décrit comme « une de ces créatures que les habitants des pays civilisés de la zone tempérée ne voient que dans leurs rêves, et encore confusément ». Une rumeur circule entre les marins à bord selon laquelle il serait peut-être le Diable et que Achab lui aurait vendu son âme… Melville décrit leur relation tortueuse. Si Achab est le maître libre et Fedallah seulement son esclave, il semble que Achab voit sa propre ombre en Fedallah lequel voit sa substance abandonnée dans le capitaine.

Cette impression d’être contrôlé par quelque chose hors de soi, le destin, la Providence ou « l´invisible gendarme des Trois Sœurs » est un élément très présent dans le texte de Melville et sera mis en avant dans le spectacle.

Les personnages du roman seront principalement représentés par des marionnettes au travers de six échelles différentes : du très petit pour pouvoir éprouver en échelle réelle la petitesse de l’homme face à la baleine grandiose mais aussi pour pouvoir confondre les perspectives et voir à la fois au-dessus et sous la mer. Le capitaine Achab – l’homme « qui possède de la grandeur en lui, du blasphème et du divin » sera, lui, représenté dans une échelle plus grande que l’humain.

Moby Dick, connu sur toutes les mers pour sa beauté absolue et sa cruauté audacieuse, sera également représenté en différentes tailles  :  en  version  réduite,  l’équivalent  de  la taille d’une voiture, et en taille réelle, les cachalots mâles pouvant mesurer jusqu’à 20m de long, afin de réellement éprouver physiquement la grandeur de cet animal. Imaginez un œil qui passe, la mâchoire qui apparaît soudainement dans l’obscurité, la queue qui frappe avec la force d’un animal mythique …

« Mais Achab n’entendit pas cette invocation prémonitoire, ni le rire étouffé qui montait de la cale, ni ce que le vent annonçait dans les cordages qu’ils faisaient vibrer, ni le claquement inerte des voiles contre les mâts, au moment où le cœur leur faillit. (…) Ah ! Signes et présages, pourquoi donc apparaissez-vous pour ne point demeurer ? Ombres ! Vous êtes moins des avertissements que des prédictions, et même moins des prédictions venues du dehors que des confirmations d´évènements déjà survenues en nous. »


SCENOGRAPHIE, VIDEO ET LUMIERE

La scénographe Elisabeth Holager Lund, le binôme de créateurs lumière, Xavier Lescat et Vincent Loubière et le créateur vidéo David Lejard-Ruffet créeront un espace hors du temps, comme si cette histoire sortait du brouillard de sable au fond de la mer, comme si les épaves et les os qui s’y cachent étaient convoqués pour raconter cette histoire.

Un navire qui se compose et se décompose, des morceaux du réel qui surgissent  des  ombres pour ensuite disparaître. Des projections vidéo qui brouillent les pistes entre le vrai et l’illusion. Des fils, des cordages, des cartes, des lignes à suivre pour se perdre dans une carte mentale et se retrouver au cœur de la folie du capitaine Achab.

La scénographie, la lumière et la vidéo permettront de renverser les perspectives pour donner au public l’impression de regarder dans les profondeurs de la mer.

 “Comme tous les endroits vrais, elle ne figure sur aucune carte.”

Il y a cette magnifique scène dans le livre dans laquelle les marins chassent un très grand nombre de cachalots. Imaginez des centaines de baleines qui nagent en cercle. Et le Pequod se retrouve tout d´un coup au beau milieu de ce cercle. La chasse sanglante continue tout autour d´eux, mais là où ils sont, c’est la paix absolue. Ils regardent dans l’eau et découvrent qu’ils sont au-dessus d’un large groupe de femelles avec leurs bébés, elles allaitent des tout nouveaux nés encore attachés avec leur cordon ombilical et tout au fond de jeunes cachalots font l´amour …


Coproductions : Nordland Teater, Mo I Rana (NO)

– Figurteatret i Nordland (Nordland Visual Theatre), Stamsund (NO) – Groupe des 20 Theatres en Ile-de-France (IDF) – Puppet Theatre Ljubljana (SL) – Comédie de Caen CDN (14-FR) – EPCC Bords 2 scènes, Vitry-le-François (51-FR) -TJP CDN Strasbourg- Grand Est (67-FR) – Festival Mondial des théâtres de Marionnettes de Charleville- Mézières (08-FR) – Le Manège, Scène Nationale – Reims (51-FR) – Le Théâtre – Scène conventionnée d’Auxerre (89-FR) Le Mouffetard, Théâtre des arts de la Marionnette, Paris (75-FR) – Les 2 Scènes, Scène Nationale de Besançon (25-FR) – MA scène nationale – Pays de Montbéliard (25-FR) – Le Sablier, Ifs (14-FR) – Le Théâtre Jean Arp de Clamart (92-FR), La Maison/Nevers scène conventionnée Art en territoire, Nevers (58-FR) – Théâtre Romain Rolland, scène conventionnée d’intérêt national de Villejuif (94-FR) – Le Bateau Feu, Scène nationale de Dunkerque (59-FR) – With a support for multilingual diversity by Theatre de Choisy-le-Roi/Scène Conventionnée d’intérêt national art et création pour la diversité linguistique, in co-operation with PANTHEA (FR- 94), Teater Innlandet, Hamar (NO), POC, Alfortville  (94-FR)