May B

chorégraphie :
Maguy Marin

Lumières :
Alexandre Beneteaud

Costumes :
Louise Marin

Musiques originales :
Franz Schubert, Gilles de Binche, Gavin Bryars


Coproduction :
Compagnie Maguy Marin
Maison des Arts et de la Culture de Créteil

La Compagnie Maguy Marin à rayonnement national et international est soutenue par le Ministère de Culture et de la Communication (Direction générale de la création artistique Délégation à la Danse).
La Compagnie Maguy Marin est subventionnée par la Ville de Lyon, la Région Auvergne- Rhône-Alpes et reçoit l’aide de l’Institut français pour ses projets à l’étranger.


INTRODUCTION

Ce travail sur l’oeuvre de Samuel Beckett, dont la gestuelle et l’atmosphere théâtrale sont en contradiction avec la performance physique et esthétique du danseur, a été pour nous la base d’un déchiffrage secret de nos gestes les plus intimes, les plus cachés, les plus ignorés.
Arriver à déceler ces gestes minuscules ou grandioses, de multitudes de vies à peine perceptibles, banales, où l’attente et l’immobilité «pas tout à fait» immobile laissent un vide, un rien immense, une plage de silences pleins d’hésitations.
Quand les personnages de Beckett n’aspirent qu’à l’immobilité, ils ne peuvent s’empêcher de bouger, peu ou beaucoup, mais ils bougent.
Dans ce travail, à priori théâtral, l’intérêt pour nous a été de développer non pas le mot ou la parole, mais le geste dans sa forme éclatée, cherchant ainsi le point de rencontre entre, d’une part la gestuelle rétrécie théâtrale et, d’autre part, la danse et le langage chorégraphique.»

Maguy Marin

Maguy Marin en 2015




BIOGRAPHIE

Maguy Marin, née à Toulouse le , est une danseuse et chorégraphe française de danse contemporaine.

Maguy Marin étudie la danse classique au conservatoire de Toulouse. Elle entre ensuite au ballet de Strasbourg, puis change de direction et rejoint l’École Mudra à sa création en 1970 à Bruxelles. Trois ans de travail intense sont décisifs dans son parcours (« tous mes repères s’effondrent pour laisser apparaître la multitude des choix créatifs, la liberté, la contrainte aussi… Plus rien ne sera comme avant »).

Elle participe ensuite à un groupe de recherche théâtrale, Chandra, qui stoppe assez vite (fin 1974). Elle sera soliste quatre saisons durant pour le Ballet du XXe siècle sous la direction de Maurice Béjart, et tente ses premières expériences de chorégraphie. En 1978, elle est encore à Bruxelles et travaille avec Daniel Ambash ; son activité créatrice prend dès lors son essor, spécialement après son prix obtenu au Concours chorégraphique international de Bagnolet en 1978. Son style se tourne vers un pendant français de la Tanztheater, développée en Allemagne par Pina Bausch, en intégrant de nombreux éléments théâtraux et non dansés dans ses chorégraphies. Elle sera dès lors une des chorégraphes les plus importantes de la Nouvelle danse française, notamment avec une pièce devenue mythique May B créée en 1981 au Centre national de danse contemporaine d’Angers ainsi qu’avec sa version contemporaine de Cendrillon créée en 1985 pour le ballet de l’Opéra de Lyon et jouée plus de 460 fois depuis cette date avec dix distributions différentes. Elle entame en 1987 une longue collaboration avec le musicien-compositeur Denis Mariotte. À la direction du Centre chorégraphique national de Créteil et du Val-de-Marne à partir de 1985 puis au Centre chorégraphique national de Rillieux-la-Pape de 1998 à 2011, elle s’installe dans la ville de Toulouse en 2012, puis en 2015 à Sainte-Foy-lès-Lyon.

La compagnie se crée, évolue et change développant ces dernières années son travail dans le cadre de la non-danse. À ce jour, elle a réalisé une quarantaine de pièces.

Maguy Marin est l’une des très rares non Américaines à avoir reçu l’American Dance Festival Award. En 2008, elle reçoit un Bessie Award à New York pour son spectacle Umwelt présenté au Joyce Theater. L’édition 2012 du Festival d’automne à Paris lui consacre une rétrospective en programmant 6 de ses créations emblématiques dans huit théâtres de Paris et d’Île-de-France. En , la Biennale de Venise lui remet un Lion d’or pour l’ensemble de son parcours artistique


(…) Maguy Marin est dotée du sens de la fantaisie et de l’absurde ; à travers les pièces de Samuel Beckett, elle a trouvé un objectif idéal pour méditer sur les absurdités de la vie. Comme lui, elle travaille avec des archétypes – les mêmes, et nous offrant des images universelles, elle fait en sorte que la condition humaine nous paraisse très spécifique.
Les 10 danseurs sur scène constituent un amalgame des personnages de Beckett, leurs visages couverts par une couche de craie grise qui s’envole lorsqu’ils bougent. Vêtus de leurs costumes de nuit peu seyants, ils cheminent, solitaires et isolés, à l’unisson, avec des gestes remarquablement précis, vers la découverte de soi. Très vite, c’est le sexe qu’ils découvrent dans une séquence de mouvements fébriles et convulsifs; plus tard, nous les observons dévoiler une gamme croissante d’émotions – hostilité, peur, et tendresse. (…)

Anna Kisselgoff
The New York Times


May B est un récit lointain, reculé, surgi d’un temps sans époque, d’une vie sans ordre ni mesure, d’une tension enfouie dans les rêveries de l’étrange, sans mémoire, sans histoire. La force et la puissance de May B tient dans la capacité de raconter des histoires de brisures constitutives, de mises au monde et d’enfance, de grognements et de hurlements aboutissant dans l’arc de son récit — anti-théâtral par son extrême théâtralisation — à la reconstitution d’une parade parfaitement expressionniste. C’est une fable matricielle du corps et des corps-à-corps qui met en jeu, dans son opposition à la narration, la forme des errances par des continuités qui enfantent et laissent surgir le dionysiaque comme manière de façonner la continuité d’émotion et de commotion rattrapées par la queue endiablée de l’humour. May B sait inscrire, dans l’invention d’une forme lyrico-grotesque, le renouvellement de ce quelque chose qui est « danser », en gardant devant soi tous les possibles dont « danser » lui-même dispose, les replaçant comme un jeu qui pousse jusqu’à traîner la danse dans la danse. Et le voyage par lequel s’achève l’action rassemble dans quelques valises la rouille de l’histoire de chacun partant vers une destination sans destin, comme la litanie finale, répétée à l’infini dans un bredouillement plaintif, recolle et redistribue toutes les cassures : les danseurs renvoient à chacun des spectateurs l’image rêveuse des Eldorados et des Terres promises, ainsi que les solutions possibles d’une histoire qui noie toute détresse.
Jean-Paul Manganaro

 

 

 


 LISTE DES MUSIQUES :

FRANZ SCHUBERT
LIED -­‐ WINTERREISE: DER LEIERMANN

AIRS DES GILLES
CARNAVAL DE BINCHE 1

AIRS DES GILLES
CARNAVAL DE BINCHE 2

AIRS DES GILLES
CARNAVAL DE BINCHE 3

AIRS DES GILLES
CARNAVAL DE BINCHE 4

AIRS DES GILLES
CARNAVAL DE BINCHE 5

FRANZ SCHUBERT
SYMPHONIE TRAGIQUE

FRANZ SCHUBERT
LA JEUNE FILLE ET LA MORT lied

FRANZ SCHUBERT
LA JEUNE FILLE ET LA MORT quatuor

GAVIN BRYARS
JESUS BLOOD NEVER FAILED ME YET

FRANZ SCHUBERT
LIED -­‐ SCHWANENGESANG : DER DOPPELGÄNGER

Der Leiermann -­ Lieder de Franz Schubert
tiré du Voyage d’Hiver, cycle de lieder d’après des poèmes de Wilhelm Müller
Dietrich Fischer-­‐Dieskau, chant
Gerald Moore, piano

1er mouvement (adagio molto) de la Symphonie N°4 « Tragique », de Franz Schubert
Orchestre Symphonique de Chicago, sous la direction de Carlo Maria Giulini.

Der Tod und das Mädchen, D531 de Franz Schubert
Kathleen FERRIER, Chant
Bruno WALTER, Piano

Der Tod und das Mädchen (La jeune fille et la mort), de Franz Schubert
Andante con moto du Quatuor à cordes N°14 en ré mineur
Par le Quartetto Italiano

Der Doppelgänger (poème de Henrich Heine), tiré du Schwanengesang, de Franz Schubert D-­‐957 (Le chant du Cygne)
Dietrich Fischer-­‐Dieskau, chant
Gerald Moore, piano