LE SYNDROME DU BANC DE TOUCHE

AVEC LÉA GIRARDET

MISE EN SCÈNE : JULIE BERTIN

De et avec : Léa Girardet
Mise en scène : Julie Bertin
Avec la participation de Robin Causse
Création sonore : Lucas Lelièvre
Lumières : Thomas Costerg
Costumes : Floriane Gaudin
Vidéo : Pierre Nouvel
Regard chorégraphique : Bastien Lefèvre, Jean Marc Hoolbecq
Collaboration artistique : Gaia Singer
Co-production : ACME, Le Grand Chelem

Il y a plus de 20 ans, Aimé Jacquet gagnait la Coupe du Monde de football et Léa rêvait de devenir comédienne. Aujourd’hui, Aimé Jacquet est entré dans l’Histoire et Léa est restée sur la touche. Dans une société où la beauté, la performance, la réussite sont des médailles d’or, Léa veut inverser la tendance. Elle a un rêve : devenir comédienne et elle se livre corps et âme. Sur la scène transformée en terrain de foot, en vestiaire, en centre psychanalytique, un combat contre elle-même s’engage.

Le succès se rencontre aussi en faisant l’expérience de l’échec, Aimé Jacquet en est un exemple légendaire. Ce spectacle puissant et sensible est un hymne à la persévérance.

 

LA BEAUTÉ DE L’ÉCHEC :

 

Il s’agit ici de se demander quelle peut être la beauté de l’échec dans une société où la performance, la concurrence et la réussite nous sont données comme les seules lignes de conduite valable. Pourtant, il y a fort à parier que le succès se rencontre aussi en faisant l’expérience de l’échec…

« Tel joueur a raté sa carrière de peu ! Et rater sa carrière “de peu”, c’est déjà avoir du style. Il faut un minimum de style et de panache pour être un vrai loser. La lose fait partie de la vie, elle est proche, omniprésente, tout simplement humaine. Le loser est mortel, comme nous. Alors magnifique ou pathétique il est notre frère, notre semblable et rate ce qu’on a soi-même raté » (Extraits – So Foot – Chérif Ghemmour)

Le syndrome du banc de touche est une déclaration d’amour à “la lose” et à tous ces moments de doute qui nous poussent chaque jour à devenir la personne qu’on devrait être.

 

LE POINT DE DÉPART :

Ce projet part d’une expérience personnelle : le chômage qui a suivi mes années de formation en tant que comédienne. Très vite, un sentiment de mise à l’écart s’est installé dans mon quotidien, m’enfermant dans un cercle vicieux d’inactivité. J’ai fini par nommer ce sentiment en effectuant un parallèle avec les footballeurs remplaçants, qui passent plus de temps à encourager leurs co-équipiers qu’à fouler la pelouse. Ce spectacle ne parle pas du métier de comédienne, c’est une porte d’entrée pour questionner le “banc de touche” au sens large du terme : cette exclusion sociale et ce sentiment d’illégitimité qui se mettent en place quand on ne travaille pas. Comment exister quand on ne peut pas se définir socialement ? J’ai découvert des parcours de grands sportifs dont le destin a basculé du jour au lendemain et d’autres dont la carrière n’a jamais décollé. Le football a contaminé mon texte et l’a éloigné du côté autobiographique du seul en scène. Ainsi, le sport et le théâtre sont devenus un seul combat et la thématique de mon projet m’est apparu : la persévérance face à l’échec.

 

LA FIGURE D’AIMÉ JACQUET :

 

Pour notre héroïne, l’entraîneur de l’équipe de France Aimé Jacquet est un repère de réussite : une sorte de “self-made” Stéphanois dont le parcours semé d’embûches et de déceptions lui sert de référence pour s’extirper de situations compliquées voire humiliantes. Beaucoup de journalistes ont critiqué Aimé Jacquet, peu croyaient en lui et pourtant…C’est cette détermination, cette résolution à croire en soi, qui inspire le personnage principal. Ainsi, en prenant comme référence le sélectionneur de l’équipe de France et les valeurs du sport qui lui sont chères, comme le collectif, l’entre-aide, la patience, le mental et la persévérance, l’héroïne
parvient à mettre en place sa propre titularisation et à s’extirper du banc de touche.

 

LA PAROLE CONFISQUÉE :

 

Dans la pièce, la comédienne est confrontée à des personnages « dominants » comme l’agent artistique, la conseillère Pôle emploi, la psychanalyste… L’échange est déséquilibré et se transforme inévitablement en un rapport de force. En tant que comédienne, l’héroïne dépend du désir des autres et ce systématisme la pousse dans une zone de passivité. Mais ce schéma s’applique aussi aux sportifs de haut niveau qui dépendent des sélectionneurs, des sponsors, des médias voire même des supporters. L’indépendance et le positionnement personnel semblent impossibles dans ces deux domaines. Alors comment parvenir à retrouver une égalité dans ce rapport préétabli ? Comment réussir à inverser le schéma ? Et surtout, comment retrouver une parole qui jusqu’ici nous a été confisquée ? Bien souvent, la partition féminine au théâtre est cantonnée à la sphère de l’intime. Avec ce projet je souhaite porter une parole moins attendue, en utilisant un sujet à priori typiquement masculin : le football.

 

LES FEMMES SUR LE BANC :

 

Que ce soit dans le domaine du football, de l’entreprise, du théâtre ou encore de la politique : les femmes doivent très souvent s’imposer dans un milieu majoritairement masculin. Ainsi, dans la pièce, nous prenons comme exemple le cas de Gigi, première gardienne de but du Football Club Féminin de Reims qui est parvenue, à force de ténacité et de détermination, à s’imposer dans une époque où le sport était considéré “dangereux” pour la féminité. On voulait voir les femmes dans les tribunes, assises, discrètes ; elles ont pris le pouvoir debout, sur le terrain. Ce refusde « bonne conduite », ce détachement d’une certaine féminité imposée et cette persévérance face aux obstacles, font alors écho au parcours de notre l’héroïne.

 

UNE MÉMOIRE COLLECTIVE :

 

Au fil des entretiens réalisés pour écrire cette pièce, je me suis rendue compte de l’impact de la victoire de la France lors de la Coupe du monde 98 dans notre mémoire collective. Ce 12 juillet, il n’était plus question de ballon, d’arbitre ou de banc de touche, il était question de bonheur et de rassemblement. Chacun sait où il se trouvait le soir de la victoire et les vingt années qui se sont écoulées n’ont rien enlevé à l’émotion et au panache du troisième but d’Emmanuel Petit.

 

LA COMPAGNIE LE GRAND CHELEM :

 

Et si finalement l’Histoire se racontait du côté des perdants, des deuxièmes et des remplaçants ? Le Grand Chelem c’est la beauté de l’échec. C’est ce basculement inattendu du « loser » qui devient, l’espace d’un instant, le héros d’une équipe. C’est un mouvement d’optimisme et de persévérance qui met en lumière ceux restés sur la touche. Le Grand Chelem est une compagnie fondée par Léa Girardet en 2017 et basée à Montreuil. Les deux premiers projets de la compagnie ont été mis en scène par Julie Bertin, également fondatrice et metteur en scène du Birgit Ensemble. Le syndrome du banc de touche créé au Théâtre de Belleville en septembre 2018 est
la première création de la compagnie. Ce seul en scène tourne depuis en France et à l’étranger. En 2021, la compagnie lance sa deuxième création : Libre arbitre. Co-écrite par Julie Bertin et Léa Girardet, cette pièce traite des tests de féminité dans les grandes compétitions sportives à travers le parcours de l’athlète sud-africaine Caster Semenya. En 2024, la compagnie clôtura sa trilogie sportive avec une nouvelle création autour du match  le tennis légendaire entre Billie Jean King et Bobby Riggs.

 

LÉA GIRARDET (auteur et comédienne) :

 

Après une licence de cinéma et une formation au conservatoire du Xe arrondissement de Paris, Léa Girardet intègre l’ENSATT à Lyon en 2009. À sa sortie d’école, elle joue sous la direction de Lisa Wurmser, Sarah Blamont, Virginie Bienaimé et Elisa Ruschke. En 2017, Léa fonde sa compagnie LE GRAND CHELEM et se lance dans l’écriture d’un seule en scène autour de la figure d’Aimé Jacquet : Le syndrome du banc de touche, mis en scène par Julie Bertin et créé au Théâtre de Belleville en septembre 2018. En parallèle, elle joue dans Les petites reines de Justine Heynemann. En 2021, elle co-écrit avec Julie Bertin leur nouveau projet : Libre arbitre qui traite des tests de féminité dans les grandes compétitions sportives. Aujourd’hui, elle tourne ses deux premières créations et entame l’écriture de sa future pièce qui traitera du match de tennis qui opposa Billie Jean King et Bobby Riggs.

 

JULIE BERTIN (metteur en scène) :

 

Après des études de philosophie à l’Université Paris I-Sorbonne, Julie Bertin entre à l’école du Studio Théâtre d’Asnières en 2009 puis intègre le Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique deux ans plus tard. Elle fait ses premiers pas de metteur en scène au Conservatoire en montant Berliner Mauer : vestiges, pièce écrite et mise en scène avec Jade Herbulot. La compagnie qu’elles fondent, Le Birgit Ensemble, crée des spectacles qui questionnent notre rapport à l’histoire et la politique. Elles créent leur deuxième spectacle Pour un Prélude en 2015, et clôturent leur tétralogie intitulée Europe, mon amour avec les spectacles Memories of Sarajevo et Dans les ruines d’Athènes créés au 71e Festival d’Avignon. En 2019, elles montent Les Oubliés (Alger-Paris) à la Comédie-Française. Roman(s) national, créé en décembre 2021 inaugure un nouveau champ d’investigation tourné vers l’écriture de fiction. Ce même hiver, elles conçoivent leur premier Birgit Kabarett, une forme musicale qui évolue au rythme de l’actualité politique française et européenne. Leur prochaine création, Les Suppliques traitera de l’histoire de la persécution des Juifs sous l’Occupation et mêlera documents d’archives et récits fictionnels. En parallèle de son travail au sein du Birgit Ensemble, Julie Bertin collabore  régulièrement avec d’autres artistes. En 2018, elle met en scène Léa Girardet dans Le syndrome du banc de touche. En 2019, elle crée Dracula, un opéra jazz jeune public, avec l’Orchestre National de Jazz, composé par Frédéric Maurin et Grégoire Letouvet. En 2022, elle retrouve Léa Girardet avec qui elle co-écrit une pièce librement inspirée du parcours de l’athlète sud-africaine Caster Semenya : Libre arbitre.