LE SACRIFICE – DADA MASILO

 

Depuis plus de douze ans, la chorégraphe emblématique de la scène sud-africaine revisite avec brio les ballets classiques. Avec Le Sacrifice, elle fait du Sacre du printemps un nouveau rituel, mêlant danse contemporaine et danses traditionnelles du Botswana. Dans cette dernière création, Dada Masilo puise à l’origine de la notion de sacrifice, si présente dans la culture de son pays d’origine.

Elle réunit sur le plateau dix interprètes et quatre musiciens qui proposent une composition inspirée de l’oeuvre de Stravinsky, ici enracinée en Afrique du Sud. Ce ballet, soutenu par le timbre exceptionnel de la soprano Ann Masina, promet d’être une fête puissante !
Originaire de Johannesburg, passée par l’école d’Anna Teresa De Keersmaeker, Dada Masilo figure aujourd’hui parmi les chorégraphes les plus prisés de la scène internationale.

 

Durée : 1h15

Chorégraphe : Dada Masilo,
Création musicale : Ann Masina, Leroy Mapholo, Tlale Makhene, Nathi Shongwe,
Costumes : David Hutt
Danseurs : Dada Masilo, Lehlohonolo Madise, Refiloe Mogoje, Thandiwe Mqokeli, Eutychia Rakaki, Leorate Dibatana, Lwando Dutyulwa, Thuso Lobeko, Songezo Mcilizeli, Steven Mokone, Tshepo Zasekhaya, Musiciens : Ann Masina, Leroy Mapholo, Mpho Mothiba, Nathi Shongwe
Soutenu par The Prince Claus Fund Next Generation Award 2018,
Diffusion Europe : Quaternaire / Sarah Ford

 

STRAVINSKY:

 

C’est un peu par hasard, après avoir entendu une œuvre de lui dans un concert, que Diaghilev a l’idée de contacter le jeune Stravinsky, compositeur de 27 ans, pour l’orchestration de pièces de Chopin, pour un ballet qui doit figurer au programme de la saison 1909. Satisfait de son travail, Diaghilev lui commande un ballet entier et original pour la saison suivante. Ce sera l’Oiseau de feu. Après le grand succès remporté, Stravinsky pense tout de suite à un prochain ouvrage.

Dès que Stravinsky a terminé de composer Le Sacre du printemps, avant même d’avoir peaufiné l’orchestration, il commence à travailler avec Nijinsky. Dans ses Mémoires, intitulées Chroniques de ma vie, il déclare avoir eu beaucoup de réticences à travailler avec Nijinsky. Même si c’est un danseur et un artiste merveilleux, il le trouve peu mature, inexpérimenté comme chorégraphe, ignorant de tout ce qui touche la musique. Le compositeur doit se transformer en professeur de solfège pour initier le danseur aux « rudiments de la musique » ! Néanmoins, par la volonté de Diaghilev, ils collaborent, et au moment de la première Stravinsky exprimera une certaine satisfaction. Pour son ballet, Stravinsky imagine « une suite de mouvements rythmiques d’une extrême simplicité, exécutés par de grands blocs humains d’un effet immédiat sur le spectateur »,  un « contrepoint de masses ».

Stravinsky se souvient de la première du Sacre du printemps le 29 mai 1913, et du vacarme épouvantable. « Pendant toute la représentation je restai dans les coulisses à côté de Nijinsky. Celui-ci était debout sur une chaise criant éperdument aux danseurs : « Seize, dix-sept, dix-huit… » . Naturellement les pauvres danseurs n’entendaient rien à cause du tumulte dans la salle et de leur propre trépignement. Je devais tenir Nijinsky par son vêtement, car il rageait, prêt à tout moment à bondir sur la scène pour faire un esclandre. Diaghilev, dans l’intention de faire cesser le tapage, donnait aux électriciens l’ordre tantôt d’allumer, tantôt d’éteindre la lumière dans la salle. C’est tout ce que j’ai retenu de cette première »

 

PINA BAUSCH :

 

Petite, Pina Bausch aime danser. C’est à l’âge de 15 ans que son cursus de danseuse se développe. Après une enfance à prendre des cours en amateur, elle intègre la prestigieuse Folkwang-Hochschule d’Esse, où enseigne Kurt Jooss, célèbre chorégraphe. Ce dernier deviendra par ailleurs son mentor, lui qui cherchait une assistante. C’est à l’issue de son cursus qu’elle décroche un diplôme de pédagogie de la danse. Dans la foulée, elle obtient une bourse d’études, en 1958, dont elle se sert pour se rendre à New York afin de parachever sa formation, entre 1959 et 1961. Elle devient même danseuse au Metropolitan Opera.

Mais en 1962, son mentor Kurt Jooss la rappelle : il veut que Pina Bausch lui succède. Il la forme à la chorégraphie en 1968, et elle prend la direction de la Folkwang-Hochschule en 1973. Elle forme sa propre compagnie, à Wuppertal, en 1973, lorsqu’elle récupère la direction du Wuppertaler Bühnen.

Pina Bausch a modernisé la danse contemporaine, créant le concept de danse-théâtre, également appelé Tanztheater, où le danseur s’exprime par le corps et la voix. Pina Bausch crée également autour du corps et du rapport homme-femme, teintant ses oeuvres d’un léger érotisme. Ce parcours et cette personnalité atypique lui ont valu de nombreux prix de danse (Lion d’Or à la biennale de danse de Venise, notamment) et des apparitions au cinéma. Fascinée par le 7e art, Pina Bausch a même réalisé un film, en 1989, intitulé La Plainte de l’impératrice.

 

DADA MASILO :

 

Dada est née et a grandi à Johannesburg, en Afrique du Sud. Elle commence sa formation à The Dance Factory à l’âge de 11 ans. À l’âge de 19 ans, elle est reçue comme étudiante aux Performing Arts Research and Training Studios de Bruxelles, où elle reste deux ans. A l’issue de cette formation, elle est repart en Afrique du Sud. En 2008, elle reçoit le prestigieux prix de la Standard Bank Young Artist Award pour la danse. Le National Arts Festival lui commande trois œuvres : Roméo et Juliette (2008), Carmen (2009) et Le Lac des cygnes (2010).  Depuis 2012, ses pièces tournent à travers toute l’Europe. En 2016, elle présente et interprète le Lac des cygnes à Ottawa, à Montréal, Hanovre, Amherst et Pittsburgh aux États-Unis, et achève la tournée avec 6 représentations au Joyce Theatre de New York. Depuis, elle a été nominée pour un Bessie award. Elle est retourne à New York en septembre 2016 pour présenter son «Spring» au City Center dans le cadre de Fall for Dance et, six mois plus tard, pour créer une galerie accompagnant la Bayou series de Romare Bearden. Cela a été réalisé à la DC Moore Gallery.

En mai 2017, elle crée sa Giselle à Dansenshus, Oslo. Depuis, ce spectacle a tourné à Kuopio (Finlande) à l’Université de Johannesburg; et au National Arts Festival de Grahamstown, le Wits 969 Festival à Johannesburg, Impulstanz à Vienne (Autriche), suivi par des saisons à Genève, Rome, Ferrara et Reggio Emillio. L’année 2017 s’est terminée avec des représentations de Refuse the Hour à San Francisco et Los Angeles; et les représentations du Lac des cygnes de Masilo à Singapour et en Allemagne.

 

LE SACRIFICE :

 

 

En regard de l’oeuvre musicale d’Igor Stravinsky, Le Sacrifice déroule l’histoire d’une jeune fille vouée à la mort selon un rite sacrificiel libératoire des forces saisonnières de la terre. En puisant dans les rythmiques expressives des danses de guérison du peuple Tswana, la chorégraphie révèle une gestuelle animale rapide, soutenue par la composition musicale de Philip Meyer. Chants, rythmes et scansions traversent à l’unisson un espace épuré, accompagné de rires furtifs.

La passion de Dada Masilo pour les grands ballets de répertoire n’est plus un secret, ni la vitalité des interprétations explosives qu’elle en offre, dénonçant les stéréotypes de genre : mariage forcé, homophobie, asservissement des femmes ou violence domestique. Ici, la chorégraphe enracine la vigueur de la danse dans la profondeur de son héritage botswanais et interroge la notion de sacrifice à l’aune de notre monde.

 

LA PRESSE EN PARLE :

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