LE PETIT CHAPERON ROUGE – D’APRÈS LES FRÈRES GRIMM

 

Durée : 40 minutes

Mise en scène : Céleste Germe
Avec : Antoine Oppenheim & Maëlys Ricordeau
En alternance avec Pablo Jupin & Lalou Wysocka
Collaboratrice artistique : Maëlys Ricordeau
Composition musicale & direction du travail sonore : J. Stambach
Scénographie : James Brandily
Création vidéo : Flavie Trichet-Lespagnol, Dispositif son et vidéo : Jérome Tuncer
Création lumières : Sébastien Lefèvre, Costumes : Sabine Schlemmer
Conseils dramaturgiques : Marion Stoufflet,
Assistanat à la mise en scène : Mathilde Wind
Régie générale : Pablo Simonet
Réalisation des sculptures : Julia Morlot & Jérémy Page
Régie son et vidéo : Jérôme Tuncer, Émile Denize
Régie lumière : Lila Burdet ou Virginie Watrinet
Suivi construction décor : Benjamin Bertrand
Administration, production, diffusion : Pierre Reis, Léa Coutel, Yuka Dupleix

 

PRÉSENTATION DU PROJET :

 

Le Petit Chaperon rouge est l’un des premiers contes qu’on lit aux enfants, l’un des plus connus. Un conte au charme si envoûtant que des générations d’enfants ont grandi avec lui. C’est celui-là que nous voulons faire entendre à nouveau. Pour la complexité et l’ambivalence des sujets qu’il traverse, aussi denses et noueux que les arbres centenaires, pour l’épaisseur poétique de l’histoire dont la trace perdure en de longs sillons dans nos imaginaires, pour l’imagerie : la forêt profonde, la tâche rouge, le soleil qui éclate dans les canopées sombres.
Mais nous voulons aussi montrer une nouvelle fois Le Petit Chaperon rouge pour faire entendre la version puissante et positive des Frères Grimm dans laquelle cette petite fille qui se promène joyeusement dans la forêt n’est pas imprudente ou naïve mais au contraire vaillante et courageuse, traversant les dangers et retournant le sort. Pour faire entendre ce récit initiatique, qui, par-delà les temps et les générations, magnifie la solidarité féminine et raille les affreux loups méchants. Pour faire redécouvrir ce conte émancipateur, beaucoup plus subversif qu’on ne le pense, qui affirme le droit au mystère, au plaisir, à la liberté et à la peur.
Pour la première fois Das Plateau propose un spectacle tout public. Un spectacle dont l’intensité visuelle et sonore ouvre des paysages sensibles et inédits, à la fois légendaires et quotidiens, imaginaires et familiers, intrigants et rassérénants. Un spectacle envoûtant, créé dans le IN du Festival d’Avignon et salué par le presse, un spectacle d’aujourd’hui pour les plus petits, comme pour les grands.

 

LE PETIT CHAPERON ROUGE DE JACOB ET WILHELM GRIMM  :

 

Le Petit Chaperon rouge est l’un des premiers contes qu’on lit aux enfants, l’un des plus connus. Un conte au charme si envoûtant que des générations d’enfants ont grandi avec lui.
C’est celui-là que nous voulons faire entendre à nouveau. Pour la complexité et l’ambivalence des sujets qu’il traverse, aussi denses et noueux que les arbres centenaires, pour l’épaisseur poétique de l’histoire dont la trace perdure en de longs sillons dans nos imaginaires, pour l’imagerie : les paysages, la forêt, la tâche rouge, le soleil qui éclate dans les canopées sombres ; pour les personnages, le loup, l’enfant, la mère, la grand-mère, le chasseur, les générations, la transmission.
Mais nous voulons aussi montrer une nouvelle fois Le Petit Chaperon rouge pour réfléchir, avec les jeunes enfants d’aujourd’hui, à ce qu’il raconte vraiment.

 

MORALITÉ ? :

 

Dans les différentes versions du conte, l’histoire est toujours à peu près celle-ci : une petite fille au manteau rouge traverse la forêt pour amener à sa grand-mère, malade, une galette et un pot de beurre. Alors qu’elle entre dans les bois, elle rencontre le loup dont elle ignore la méchanceté. Elle entame une discussion avec lui et, à sa demande, lui dit où elle se rend. Le loup se précipite alors chez la grand-mère, dévore la vieille femme, prend sa place dans le lit puis, à l’arrivée du Chaperon, la dévore à son tour.
La version de Charles Perrault, se conclut là, par une moralité qui porte aussi en elle une violente culpabilisation des jeunes filles rendues responsables du mal que les « loups » leur font. Il y a dans cette mise en garde, quelque chose de ce que l’on nomme aujourd’hui, la culture du viol, et qui interloque :
On voit ici que de jeunes enfants / Surtout de jeunes filles / Belles, bien faites, et gentilles / Font très mal d’écouter toute sorte de gens / Et que ce n’est pas chose étrange / S’il en est tant que le Loup mange. / Je dis le Loup, car tous les Loups / Ne sont pas de la même sorte ;/ Il en est d’une humeur accorte, / Sans bruit, sans fiel et sans courroux, / Qui privés, complaisants et doux, / Suivent les jeunes Demoiselles / Jusque dans les maisons, jusque dans les ruelles ; / Mais hélas ! qui ne sait que ces Loups doucereux, / De tous les Loups sont les plus dangereux.
Rien de tel dans la version des Frères Grimm, plus complexe, plus audacieuse.
On y découvre une petite fille sans peur, qui se promène dans les bois. Une petite fille qui prend plaisir à faire un bouquet pour sa grand-mère, une petite fille chez qui la crainte ne guide pas les pas.
Celle-ci fait une mauvaise rencontre mais parvient à avoir la vie sauve car, après la dévoration de la grand-mère et du Chaperon, l’histoire se poursuit par l’arrivée opportune d’un chasseur qui, découvrant le loup et comprenant le forfait, délivre les deux femmes du ventre de l’animal. Le Petit Chaperon rouge prend soin de placer en leur lieu de lourdes pierres, symbole et raillerie de la stérilité du loup, qui tuent celui-ci dès son réveil. Le triomphe des deux femmes est total et le petit Chaperon rouge sort de cette mésaventure grandie, plus forte, plus aguerrie. D’ailleurs les Frères Grimm poursuivent leur récit par une boucle, à la fois extraordinaire et peu connue, qui illustre la métamorphose de l’enfant. Il est ainsi raconté qu’un autre jour, alors que le grand-mère, elle rencontre, une seconde fois, un loup. Au lieu de l’écouter, l’enfant, forte de sa première expérience, retrouvera rapidement sa grand-mère avec qui elle préparera un véritable guêt-appens. Solidaires, grand-mère et petite fille parviendront après un combat digne d’un film d’action à tuer le loup !
Bien plus qu’un conte moral, Le Petit Chaperon rouge est un véritable récit initiatique. Un récit émancipateur qui parle de transmission et de liberté et qui, par certains aspects, se révèle beaucoup plus subversif qu’on ne le pense !
Morale ? « Le Petit Chaperon rouge revint joyeusement chez elle et personne ne lui fit plus jamais de mal. » Telle est l’optimiste et vivante conclusion de la version des Frères Grimm.

 

CE QUE L’ON TRAVERSE EN TRAVERSANT LA FÔRET :

 

Reprendre le « vrai » conte est crucial pour nous. Nous ne voulons pas produire une version simplifiée, édulcorée, adoucie, ni remplacer une morale ancestrale par une morale contemporaine. Le conte vit de ses secrets de ses mystères, de ses ombrages et de ses lumières. Sa puissance se situe là, dans le trouble qui laisse l’enfant à ses questionnements, à ses plaisirs, à ses désirs, à ses peurs. Dans ce qui précisément nous échappe à nous, adultes. Et la version de Grimm est pour cela emblématique.
La peur, la dévoration, la profondeur de la forêt, les liens familiaux – et, spécifiquement, féminins – la transmission, le piège, la victoire, le déguisement, la métamorphose, tout est là.
Notre désir de montrer une nouvelle fois Le Petit Chaperon rouge vient de la positivité de ce conte. De la vivacité de cette enfant. De sa capacité à ne pas avoir peur, d’abord, à traverser les dangers, ensuite, puis à retourner le sort. Notre désir vient de là, du happy end.

Mais notre désir vient aussi, plus secrètement, de ce sentiment étrange qu’un regard culpabilisant a été porté comme une ombre sombre sur ce personnage enfantin. Trop naïve, trop imprudente, cédant au principe de plaisir plutôt qu’au devoir, aguicheuse, attirée secrètement par le loup… que n’a-t-il été dit sur la crédulité de l’enfant ?
Oui, Le Petit Chaperon rouge fait peur, comme un polar, comme un thriller, mais quand la petite fille rencontre le loup, les Frères Grimm précisent qu’elle ignore la cruauté de l’animal et qu’elle entame gaiement la conversation avec lui, pourquoi retenir sa naïveté plutôt que la méchanceté du loup ? Quand elle répond à ses questions et lui dit chez qui elle est en train de se rendre, pourquoi retenir son imprudence plutôt que la trahison du loup ? Lorsqu’elle s’approche du lit de sa grand-mère dans lequel est allongé le prédateur déguisé, qu’une « étrange sensation » l’envahit, pourquoi retenir l’attirance oedipienne de l’enfant, plutôt que la perversité coupable du loup ?
Le grand Bruno Bettelheim, toute passionnante que soit sa Psychanalyse des contes de fées n’échappe pas à ce biais de lecture, une lecture qui nous semble prise dans des fantasmes masculins plutôt qu’enfantins. Il commence d’ailleurs son analyse par cette déclaration empruntée à Dickens « Le Petit Chaperon rouge a été mon premier amour. Je sens que, si j’avais pu l’épouser, j’aurais connu le parfait bonheur ». Faire l’analyse de l’attirance de ce psychanalyste pour cet enfant encapuchonné de rouge n’est pas l’objet de ce dossier, ni d’expliquer les retournements et replis que ce regard « amoureux » peut produire quant à la vision commune du Petit Chaperon rouge.
Mais il faut relire le conte aujourd’hui. Et relâcher un instant le regard inquisiteur sur le Petit Chaperon pour observer la situation. Pour observer comment le conte, admirablement, parle des forces mystérieuses de l’enfance, de sa puissance de vie. Pour faire voir cette petite fille dans ses promenades, dans sa joie, dans sa beauté d’enfant et, aussi, dans sa force de jugement. Pour faire voir, enfin, ce récit qui magnifie la solidarité féminine par delà les temps et les générations et qui raille les affreux loups méchants.

 

UN SPECTACLE POUR LA PETITE ENFANCE, POUR TOUS :

 

Si la fascination que Le Petit Chaperon rouge exerce se poursuit jusqu’à des périodes avancées de l’enfance, nous souhaitons conduire le récit de manière à ce qu’il puisse s’adresser aux jeunes enfants, dès la moyenne section de maternelle, dès 5 ans, comme aux plus grands adultes.
C’est bien la force du conte que de réunir l’ensemble des générations.
Nous pensons en effet et que notre écriture scénique et la recherche spécifique que nous menons sur la perception et sur l’élaboration d’un langage non spécifiquement verbal mais qui se caractérise par l’articulation de dispositifs scénographiques et visuels, de l’image, de la lumière, de la musique et des sons, du jeu, de la voix etc… peut parler, de manière singulière et intense à chaque âge de la vie.
Ainsi, notre Petit Chaperon rouge sera dimensionné, taillé pour les enfants, autant que pour les adultes qui y liront, nous l’espérons toute la complexité et la profondeur des sujets qu’il traverse : rapports de domination, agression, possibilité de dépasser le statut de victime, empowerment, transmission etc.
Durant 45 minutes, les spectateurs feront l’expérience d’une oeuvre visuelle et auditive dans laquelle il sera possible de plonger de différentes manières, par le récit et la continuité narrative, par l’univers et l’ambiance, ou encore par l’image, la musique, la voix, les acteurs… Un spectacle dans lequel ils pourront observer, examiner, reconnaître, commenter, se laisser aller, s’émerveiller ou plonger, palpitant, dans le suspense et l’aventure, tremblant, s’identifiant et sortant après la fin heureuse, soulagés, apaisés, réconfortés… Comme tous nos spectacles, celui-ci sera ce que les spectateurs s’en feront, au creux d’eux-mêmes, au coeur de leur âme, libres, dans le secret de leur être.

 

RACONTER UNE HISTOIRE DE LA CONTINUITÉ NARRATIVE AUX TABLEAUX-PAYSAGES, UNE ÉCRITURE SCÉNIQUE QUI DÉMULTIPLIE LES ENTRÉES POSSIBLES DANS LE SPECTACLE :

 

Notre projet s’articulera autour de cette double logique : raconter l’histoire, son développement, son début, sa fin, mais aussi créer des entrées transversales en constituant des tableaux- paysages que l’enfant pourra appréhender en tant que tels et dans lesquels il pourra voyager. Ainsi, l’histoire très simple et relativement courte du Petit Chaperon rouge, sera découpée en séquences sur lesquelles nous nous appuierons pour élaborer ces tableaux- paysages. Le village de la mère / le chemin forestier qui mène chez la grand-mère / la forêt profonde / la maison de la grand-mère… Tous ces moments deviendront des tableaux, unités sensibles, qui seront composées par l’articulation de notre dispositif optique, avec l’image filmée, la musique et les sons, les personnages, les voix et le texte – le texte dont nous conserverons à la fois le rapport au récit et aux dialogues, le rapport à la narration et le rapport à l’incarnation.

Il s’agira ainsi de construire des ambiances, des atmosphères, des « localités » (la maison familière, la forêt lumineuse, la forêt ombrageuse, la maison inquiétante…) de manière à raconter l’histoire non par le texte seul mais par l’orchestration de l’ensemble des médias mis en jeu, créant un spectacle complet, dans lequel le déploiement esthétique, l’inventivité narrative et la dialectique de la représentation – ce qui est montré, ce qui ne l’est pas – devront permettre à l’écoute, à la vue, à l’imaginaire successivement de s’accrocher et de s’envoler.

 

DE L’ICONOGRAPHIE À LA SPATIALITÉ :

 

UN DISPOSITIF SCÉNOGRAPHIQUE ET OPTIQUE QUI INTERROGE LE VISIBLE ET L’INVISIBLE

Que faut-il montrer du conte, qui repose tant sur la capacité d’imagination et de visualisation de l’enfant ? Que faut-il rendre présent ? visible ? sonore ? fugace ? éclatant ?
Notre projet et les dispositifs visuels et sonores que nous mettrons en place, le travail sur l’image, sur la voix, sur le son et la musique, sur les corps que nous mènerons ne cesseront de mettre en jeu cette tension fondamentale entre dire et montrer, entre représenter et cacher, entre mettre dans la lumière et creuser l’ombre.

Nous repartirons, pour le développer, du travail de construction optique mené lors de nos deux précédentes créations Bois Impériaux et Poings de Pauline Peyrade (captations disponibles sur demande). Il s’agissait dans les deux cas de dispositifs composés de vitres, de miroirs et de miroirs sans-tain qui pouvait rappeler les dispositifs immersifs vertigineux de l’artiste japonaise Yayoi Kusama. Pour le Petit Chaperon rouge, nous avons travaillé à développer ces dispositifs afin de parvenir à créer de véritables paysages, profonds, féconds, proliférants, des paysages à la fois figuratifs et abstraits, à la fois mobiles et immobiles, à la fois intrigants et familiers. Diorama, stéréoscope ou Pepper’s ghost sont pour nous des références en termes de dispositifs techniques afin que ces images que nous construisons revêtent à la fois un caractère iconographique, en deux dimensions – les images des livres de contes – à la fois un caractère spatial, en trois dimensions, à la profondeur infinie, dans laquelle il sera possible pour les personnages de se promener – et, pour l’acteur, de jouer.
Gerhardt Richter disait « Pour moi, il n’y a pas de différence entre un paysage et un tableau abstrait. Les paysages sont une forme de désir ardent, d’aspiration à une vie pleine et simple. Ils sont un peu nostalgiques. Les oeuvres abstraites sont ma présence, ma réalité, mes problèmes, mes difficultés, mes contradictions (…) L’abstraction est plus réelle, l’autre plus onirique. » C’est dans cette réunification, de la présence de l’abstraction avec l’historicité de la figuration, que devra se déployer le monde esthétique du Petit Chaperon rouge, sa spatialité, sa beauté.

 

LE JEU, LES ACTEURS DE LA PRÉSENCE CHARNELLE DE L’ACTEUR RÉEL À LA PRÉSENCE CHIMÉRIQUE DU PERSONNAGE :

 

Notre dispositif optique aura également pour objectif de donner différents statuts de présence aux deux acteurs, Maëlys Ricordeau et Antoine Oppenheim, dont les corps seront parfois vus directement, dans leur existence charnelle réelle, dans la chaleur de la proximité avec les spectateurs, dans l’immédiateté de l’adresse, parfois vus à travers le dispositif et donc réfléchis, filtrés, déréalisés par le jeu de vitrages et de miroirs.
À la fois êtres organiques et présence chimérique, acteur réel et personnage imaginaire, les corps auront cette qualité que seul le théâtre peut leur donner, tout autant fantômes ou esprits que personnes physiques, tout autant palpables qu’évanescents, tout autant matériels que fugaces, éphémères, spectraux. Ainsi le conte, le merveilleux est aussi le siège de la surprise et de la magie.

 

LE TRAVAIL SUR LA VOIX : 

 

DU RÉCIT AU JEU, DE LA LECTURE AU SPECTACLE UNE DRAMATURGIE SENSIBLE EN RELATION AVEC L’ENFANCE :

Le texte permet d’établir à la fois à la fois un rapport au récit et un rapport aux dialogues, un rapport à la narration, un rapport à l’incarnation. Nous mènerons donc pour ce projet un important travail sur la voix, qui est l’un des outils les plus chers à la compagnie. Tantôt narrative, tantôt incarnant les personnages, tantôt voix off, tantôt voix in… une dramaturgie délicate de la voix sera élaborée de manière à ce que le conte puisse être à la fois joué et raconté. En effet, si le désir de créer des images y compris figuratives et qui permettent une réelle immersion est fondamental dans ce projet, le rapport à la lecture et à la force des images mentales qu’elle génère est également un enjeu central pour nous. Le travail sur la voix devra permettre de passer par toutes ces relations au spectacle, toutes ces sensations.
Nous travaillerons par ailleurs avec les acteurs sur la voix des personnages. Se demander quelle voix donner à l’enfant, quelle tessiture, quelle tonalité, quelle voix donner au loup, à la mère, à la grand-mère etc. est un très bel enjeu qui a trait à la fois à l’histoire de ce conte, la voix comme trace mémorielle de tous les Petits Chaperons rouges, à la fois à la profondeur de cette nouvelle version, une version d’aujourd’hui, pour les enfants de maintenant. Nous tenterons ainsi, en nous éloignant le plus qu’il est possible de la caricature, de donner à ces personnages véritablement mythiques, toute l’épaisseur, toute la tendresse, toute la richesse vocale qui leur assurera une présence et une réalité singulière, charnelle, contemporaine et légendaire.

 

DE L’IMAGERIE DU CONTE À L’UNIVERS QUOTIDIEN DES PAYSAGES SONORES ET MUSICAUX :

 

Comme toujours dans nos spectacles, un important travail de composition sera mené sur le projet.
Composition musicale d’abord, la musique occupant dans notre travail une place centrale et structurante. Pour Le Petit Chaperon rouge, Jacob Stambach a choisi de composer à partir de trois instruments principaux : la harpe, le trombone et l’orgue.
Montage sonore ensuite, afin de produire des effets immersifs dans la fiction sans passer par la représentation visuelle. En effet, dans ce travail sur la représentation, la figuration et l’abstraction, la composition sonore jouera un rôle crucial pour faire voir sans montrer, faire sentir sans exhiber, faire comprendre sans expliquer. Pour jouer avec les mystères et les secrets, la lumière et l’ombre, avec le quotidien et le merveilleux.
Par ailleurs, nous poursuivrons un double objectif : accompagner l’histoire et les paysages d’une part, et considérer la musique dans sa propre force émotive d’autre part. “La musique est la mer chaude qui fait fondre les glaciers” dit Roméo Castellucci. Tour à tour matière sonore intense et émotive ou sons intradiégétiques, univers sonore cinématographique, le son et la musique permettront d’opérer ce glissement, qui nous tient tant à coeur, entre l’imagerie du conte, son souvenir et l’univers quotidien, ordinaire, familier dans lequel se situe l’histoire et que tous et toutes reconnaîtront.

 

DAS PLATEAU :

 

« Je crois que le geste artistique est toujours une révélation de ce qui diverge, diffère du consensus. Mais ce “différent” qu’on montre est à mon sens commun à beaucoup, sinon à tous. Je crois qu’on écrit pour dire ce qui trouble. Le trouble, c’est ce que l’ordre social familial ne traite pas.» Claudine Galéa

Fondé en 2008 par Céleste Germe (metteuse en scène/architecte), Maëlys Ricordeau (comédienne), Jacob Stambach, (auteur/compositeur) et Jacques Albert (auteur/danseur), Das Plateau développe une écriture scénique qui mêle théâtre, littérature, musique et arts visuels.

Après avoir développé plusieurs projets qui prenaient pour point de départ les textes de Jacques Albert (Cours les Prairies, Notre Printemps, SIG Sauer Pro, Le Bon Chemin et Dia de macho, vispera de nada), Das Plateau travaille actuellement sur différentes écritures contemporaines et singulièrement celles de femmes, comme Marie Darrieussecq (Il faut beaucoup aimer les hommes, 2016) ou Pauline Peyrade (Bois Impériaux, 2018 et Poings, 2020). Das Plateau poursuit ainsi un travail autour du féminin et de ses représentations et cherche, en multipliant les formats et les types de spectacles proposés (Pénélopes – formes in situ ou Le Petit Chaperon rouge – spectacle tout public etc), à s’adresser à un public le plus large et le plus varié possible.

Les spectacles de Das Plateau cherchent à mettre à jour le dessous des choses, ce qui ne peut se dire, ce qui dans la complexité du monde ne peut ni se dissvoudre, ni se résoudre. À la recherche d’un « nouveau tragique », la beauté qu’ils mettent en oeuvre sur le plateau porte à la fois la marque de la violence du monde et la possibilité d’un espoir.
Avec la sensibilisation aux formes contemporaines et la formation au coeur de sa démarche, l’équipe de Das Plateau intervient régulièrement dans les écoles supérieures d’art dramatique en France et à l’étranger et mène un soutien actif à l’émergence de jeunes artistes.

Das Plateau est conventionné par la DRAC Île-de-France, soutenu par la Région Île-de-France au titre de l’aide à la permanence artistique et culturelle, et par le département de l’Essonne au titre de l’aide à la résidence territoriale. Das Plateau est membre du collectif de compagnies 360.
En 2022-23, Le Petit Chaperon rouge, créé pour la 76e édition du Festival d’Avignon, est en tournée dans toute la France. Poings de Pauline Peyrade poursuit également sa tournée tandis que trois versions de Pénélopes (Lyon, Brétigny, Vire) formes légères et in situ réalisées à partir de l’Odyssée d’Homère et d’entretiens d’habitantes de chaque territoire investi seront créées. Das Plateau prépare pour la saison 23-24, Ulysses, qui interrogera, comme le fait Pénélopes auprès des femmes, les hommes dans leur rapport aux injonctions, à la domination et à la liberté.