La mégère apprivoisée

Théâtre Le Forum
Salle Gounod

Vendredi 1er octobre 2021, 20h30
Durée 1h50 environ, entracte inclus

 


 

Chorégraphe :
Jean-Christophe Maillot

Assistante du chorégraphe :
Bernice Coppieters

Musique :
Dimitri Chostakovitch

Scénographie :
Ernest Pignon-Ernest

Lumières :
Dominique Drillot

Vidéo :
Dominique Drillot et Matthieu Stefani

Costumes :
Augustin Maillot

Assistant Costumes :
Jean-Michel Lainé

Argument :
Jean Rouaud

d’après la pièce de William Shakespeare

Katharina :
Alessandra TOGNOLONI

Petruchio :
Francesco MARIOTTINI

Bianca :
Marianna BARABAS

Lucentio :
Jaeyong AN

La Gouvernante :
Victoria ANANYAN

Gremio :
Daniele DELVECCHIO

La Veuve :
Candela EBBESEN

Hortensio :
Cristian ASSIS

Baptista :
Christian TWORZYANSKI

Grumio :
Adam REIST

Les servantes :
Gaëlle RIOU
Lydia WELLINGTON
Ashley KRAUHAUS
Elena MARZANO
Hannah WILCOX
Taisha BARTON-ROWLEDGE
Portia ADAMS
Juliette KLEIN

Les servants :
Alexandre JOAQUIM
Benjamin STONE
Alessio SCOGNAMIGLIO
Lennart RADTKE
Artjom MAKSAKOV
Zino MERCKX
Roger NEVES
Cristian OLIVERI

Les quatre filles :
Lydia WELLINGTON
Elena MARZANO
Hannah WILCOX
Ashley KRAUHAUS

Les deux filles :
Elena MARZANO
Ashley KRAUHAUS

La Forêt / Les Brigands :
Artjom MAKSAKOV
Alessio SCOGNAMIGLIO
Zino MERCKX
Benjamin STONE
Cristian OLIVERI
Alexandre JOAQUIM

 

 

Première par le Ballet du Théâtre Bolchoï, le 4 juillet 2014, Moscou
Première par Les Ballets de Monte-Carlo, le 28 décembre 2017, Grimaldi Forum Monaco

 

 

PRÉSENTATION

JEAN ROUAUD

Au lieu de faire de La Mégère apprivoisée une sorte de manuel machiste – comment on « dompte » une femme revêche – il s’agit de mettre en scène la rencontre au sommet entre deux fortes personnalités qui enfin se reconnaissent l’une l’autre. Leur côté asocial, ingérable, vient d’abord de leurs solitudes respectives, où leurs personnalités incompatibles avec le genre humain ordinaire les maintiennent, ce qui explique leurs excès jusque-là, faute d’avoir trouvé un homme ou une femme à leur démesure. Ce sont deux albatros au milieu d’une volée de moineaux. Car il s’agit bien ici d’un amour hors norme. La preuve en est, c’est qu’une fois le mariage conclu, dont on pouvait penser qu’il était uniquement intéressé de la part du prétendant séduit par la seule fortune de Batista, son désormais beau-père, Petruchio ne lâche pas Katharina, il l’emporte avec lui, en dépit du fait qu’il pourrait se contenter de dilapider sa dot. S’il est intéressé, c’est bien par cette femme-là. La vraie dot, le vrai pactole, c’est elle. Il lui revient après de vérifier, par une batterie de tests, qu’il ne s’est pas trompé, qu’elle est bien cette femme à sa mesure démesurée. Et il ne s’est pas trompé. Ni elle. Si elle se plie aux exigences de son époux ce n’est pas parce qu’elle a trouvé plus fort qu’elle, c’est qu’elle reconnaît son semblable. Elle subit bien moins qu’elle ne joue la soumission. Peu importe que la lune s’appelle soleil, les deux amants ne s’éclairent pas à la lumière commune. Lui n’est pas dupe de l’attitude nouvelle de son épouse apparemment soumise. Mais pour l’extérieur, aux yeux de ceux qui ont connu jadis la femme farouche, les codes sociaux en vigueur sont saufs, tout le monde peut pousser un soupir de soulagement puisque même les plus rétifs semblent s’être pliés aux convenances du temps. En réalité Katharina et Petruchio interprètent leur partition insolite dans un accord parfait, et par ce numéro de faux-semblants jouissent au final de réussir à se démarquer des amants ordinaires.

 

 

LES PERSONNAGES

JEAN ROUAUD

Baptista est un bourgeois cossu, père de deux filles, Katharina et Bianca. Tout irait bien si les conventions de son temps ne l’obligeait à marier sa fille aînée en premier, au lieu que tous les prétendants qui se bousculent dans sa maison n’ont d’yeux que pour sa gracieuse cadette. Au vrai le bonheur de ses filles lui importe peu. Ce qu’il veut ce sont des gendres. Et l’attitude de Katharina, son aînée, le met au désespoir d’y parvenir jamais.

Katharina a pour elle une fortune confortable qui devrait séduire les moins regardants, mais elle est dotée aussi d’un caractère épouvantable qui décourage les candidats au mariage. On ne sait ce que cache sa violence, sinon qu’elle considère avec mépris les pâles soupirants de sa sœur. Rien ne serait assez bien pour elle. Forme aiguë de misanthropie ou manifestation d’une folle exigence ? Enragée, elle se tient au bord de sa vie.

Bianca, la cadette, est otage de l’attitude de Katharina. Aussi longtemps que sa sœur repoussera tous les partis, elle sera condamnée à voir défiler la foule de ses prétendants. Ce qui est cruel, car autant sa sœur ainée est désagréable, revêche, autant Bianca a tout pour elle. Ce tout permet même de définir la femme idéale selon les critères de la société : fortune, grâce, beauté et docilité. Mais sa grande sœur ne l’entend pas de cette oreille.

Gremio est un vieux gentilhomme qu’on verrait bien jouer l’un des deux vieillards libidineux épiant Suzanne au bain. Et Suzanne ne peut être pour lui la furieuse Katharina qui aurait chassé impitoyablement les voyeurs. Pour Gremio, Suzanne c’est la virginale Bianca. Son âge et un aspect repoussant ne lui semblent pas un handicap dans sa cour assidue, ce qui dit aussi qu’une grande fortune donne une image déformée de soi.

Hortensio, autre soupirant de Bianca, est un dandy surtout préoccupé de sa personne et des rituels de la bonne société, et qui ne s’intéresse à la jeune femme que par un effet de miroir. Il aura pour lui d’avoir dans ses relations son exact contraire, une sorte de rustre fort peu respectueux des convenances, nommé Petruchio, lequel pourrait bien dénouer la situation.

Lucentio, c’est la jeunesse dorée. Fils de bonne famille, charmant, on croit même qu’il fait des études. Bianca et lui sont du même monde, du même âge, et peuvent soupirer l’un pour l’autre. On pourrait chanter avec Juliette Greco : « Marions-les, marions-les, je crois qu’ils se ressemblent ». Personne n’y trouverait à redire. Hormis Katharina.

Petruchio, voilà le monstre. Celui que Hortensio imagine capable, sinon de séduire, du moins d’accepter d’épouser la monstrueuse Katharina. Hortensio se dit que Petruchio ne sera pas regardant. En quoi Hortensio se trompe et n’a rien compris non plus à celui dont il se prétend l’ami. Il n’y a pas plus « regardant » que cet homme apparemment grossier et sans scrupules, puisque lui, Petruchio, va « voir » Katharina. Et il la voit à sa mesure. C’est-à-dire au-delà des conventions. Où l’on découvre que les monstres sont les seuls clairvoyants.

Grumio, valet de Petruchio, se montre couard et servile à souhait. C’est tout ce qu’on lui demande. Peut-être complice aussi des manigances de son maître.

La Veuve, pas inconsolable visiblement, et veuve, elle n’entend nullement le rester. A certaines conditions cependant, que le second mari soit de son monde et fortuné. Elle s’accommodera du reste. Elle jettera vite son dévolu sur Hortensio.

La Gouvernante, depuis le temps qu’elle mène cette maisonnée elle devrait avoir des droits sur maître Baptista, mais celui-ci ne pense qu’à ses filles, alors de guerre lasse, en se disant que bientôt la maison se videra une fois les filles mariées, elle veut bien accepter les avances du vieux Gremio. Ce qui lui assurera une fin confortable et dans l’aisance, à défaut d’amour, et lui fera accéder à cette classe supérieure qui ne l’est que par son arrogance et son argent.

 

 

LES DÉCORS

ERNEST PIGNON-ERNEST

            Toujours persuadé que dans un ballet l’œuvre plastique est la danse même, mes propositions visent  à ce que la scénographie  puisse participer de la chorégraphie, évoluer avec elle jusqu’à la dernière répétition et même après, œuvrer au sens et au sensible du projet.

J’ai proposé pour cette Mégère des éléments architecturaux polysémiques et modulables, des signes plastiques « chorégraphiables » assez structurés pour pouvoir suggérer selon leur organisation, leur positionnement sur le plateau et leur rapport aux danseurs soit un espace monumental architecturé (palais, salle de bal…) soit l’univers hostile et menaçant du voyage.

Le décor se compose de six colonnes à base triangulaire, trois faces aux arêtes vives et deux escaliers balancés, grandes courbes blanches, monumentales qui ouvrent des échappées au-delà du plateau ou cernent l’univers clos du château

 

 

JEAN-CHRISTOPHE MAILLOT
Chorégraphe

 

Rosella Hightower aimait dire de son élève Jean-Christophe Maillot que sa vie n’était qu’une union des opposés. De fait, chez l’actuel Chorégraphe Directeur des Ballets de Monte-Carlo la danse côtoie le théâtre, entre en piste sous un chapiteau, évolue au milieu des arts plastiques, se nourrit des partitions les plus diverses et explore toutes les formes de littérature… Son répertoire de 80 ballets (dont 35 créés à Monaco) puise dans le monde des arts au sens large et chaque ballet est un carnet de croquis qui alimente l’œuvre suivante. Ni classique, ni contemporain, pas même entre les deux, Jean-Christophe Maillot refuse d’appartenir à un style et conçoit la danse comme un dialogue où tradition sur pointes et avant-garde cessent de s’exclure.

 

Jean-Christophe Maillot étudie la danse et le piano au Conservatoire National de Région de Tours, puis rejoint l’École Internationale de Danse de Rosella Hightower à Cannes jusqu’à l’obtention du Prix de Lausanne en 1977. Il est alors engagé par John Neumeier au Ballet de Hambourg où il interprète pendant cinq ans, en qualité de soliste, des rôles de premier plan. Un accident met fin brutalement à sa carrière de danseur.

En 1983, il est nommé chorégraphe et directeur du Ballet du Grand Théâtre de Tours dont il fera un Centre Chorégraphique National en 1989. Il y crée une vingtaine de ballets et fonde en 1985 le Festival de danse « Le Chorégraphique ». En 1987, il crée pour les Ballets de Monte-Carlo Le Mandarin Merveilleux qui fait événement. Il devient conseiller artistique de la compagnie pour la saison 1992-1993, puis est nommé chorégraphe-directeur par S.A.R. la Princesse de Hanovre en septembre 1993.

Son arrivée à la direction des Ballets de Monte-Carlo fait prendre un nouvel essor à cette compagnie de 50 danseurs dont on reconnaît depuis 20 ans le niveau de maturité et d’excellence. Il crée à Monaco plus de 40 ballets qui contribuent à forger la réputation des Ballets de Monte-Carlo dans le monde entier : Vers un pays sage (1995), Roméo et Juliette (1996), Cendrillon (1999) La Belle (2001), Le Songe (2005), Altro Canto (2006), Faust (2007), LAC (2011), CHORE (2013), Casse-Noisette Compagnie (2013), Aleatorio (2016), Abstract Life (2018), Core meu (2019)… Le répertoire de Jean-Christophe Maillot est repris par les plus grandes compagnies de danse internationales telles que les Grands Ballets Canadiens, le Royal Swedish Ballet, le Ballet National de Corée, le Stuttgart Ballet, le Royal Danish Ballet, le Ballet du Grand Théâtre de Genève, le Pacific Northwest Ballet, l’American Ballet Theatre, le Béjart Ballet Lausanne, Le Ballet du Théâtre Bolchoï.

Également sensible au travail des autres artistes, Jean-Christophe Maillot est connu pour son esprit d’ouverture et sa volonté d’inviter des chorégraphes au style différent à créer pour la Compagnie. En 2000, ce même désir de présenter l’art chorégraphique sous de multiples angles l’incite à créer avec Stéphane Martin le Monaco Dance Forum, une vitrine internationale de la danse qui présente un foisonnement éclectique de spectacles, d’expositions, d’ateliers et de conférences.

En 2007, il réalise sa première mise en scène d’opéra, Faust, pour le Théâtre National de la Hesse et en 2009, Norma pour l’Opéra de Monte-Carlo. En 2007, il réalise son premier film chorégraphique, Cendrillon puis Le Songe en 2008. En 2009, il élabore le contenu et coordonne le Centenaire des Ballets Russes à Monaco qui verra affluer pendant un an en principauté plus de 50 compagnies et chorégraphes pour 60 000 spectateurs. En 2011, la danse à Monaco vit une évolution majeure dans son histoire. Sous la Présidence de S.A.R. La Princesse de Hanovre, les Ballets de Monte-Carlo réunissent désormais au sein d’une même structure la compagnie des Ballets de Monte-Carlo, le Monaco Dance Forum et l’Académie Princesse Grace. Jean-Christophe Maillot est nommé à la tête de ce dispositif qui concentre à présent l’excellence d’une compagnie internationale, les atouts d’un festival multiforme et le potentiel d’une école de haut niveau.

 

DISTINCTIONS

1993 : Nommé Chevalier de l’Ordre des Arts et des Lettres par Le Ministre de la Culture Jack Lang.
1999 : Nommé Officier de l’Ordre du Mérite Culturel de la Principauté de Monaco par S.A.S. Rainier III.
2002 : Nommé Chevalier de la Légion d’Honneur par Le Président de la République Jacques Chirac.
2005 : Nommé Chevalier de l’Ordre de Saint-Charles par S.A.S. Albert II de Monaco.
2014 : Nommé Commandeur de l’Ordre du Mérite Culturel de la Principauté de Monaco par S.A.S Albert II de Monaco.
2015 : Nommé Commandeur de l’Ordre des Arts et des Lettres par La Ministre de la Culture Fleur Pellerin.
2016 : Reçoit la Médaille Pouchkine.
2018 : Reçoit le Life Time Achievement Award du Prix de Lausanne.

 

PRIX

2001 : Prix « Nijinsky » de la meilleure production chorégraphique pour La Belle.
2002 : Prix « Danza & Danza » du meilleur spectacle pour La Belle.
2008 : Prix « Benois de la Danse » du Meilleur Chorégraphe pour Faust, décerné par Yuri Grigorovitch à Moscou.
2010 : « Premio Dansa Valencia 2010 ».
2015 : Masque d’Or du meilleur spectacle chorégraphique pour La Mégère Apprivoisée. Pour cette même chorégraphie, Ekaterina Krysanova obtient le Masque d’Or du meilleur rôle féminin (Katharina) et Vladislav Lantratov celui du meilleur rôle masculin (Petruchio).

Partenaire officiel :