Concerts et spectacles musicaux
20H30
Recréer des œuvres légendaires dont les traces sont effacées tient d’une enquête policière ! Les rénover pour les rendre actuelles jouxte la gageure. C’est pourtant ce que réalise Dominique Brun avec ce programme qui met à l’honneur Nijinski et Nijinska.
Au début du XXe siècle, les Ballets russes (1909-1929) opèrent une révolution dans l’histoire de la danse et deviennent une compagnie mythique, connue dans le monde entier. Rien d’étonnant : ils créent les chefs-d’œuvre que sont Le Bolero, Le Sacre du printemps, et Les Noces, dont la postérité n’est plus à démontrer tant ils ont inspiré d’autres chorégraphes et une infinité de versions jusqu’à nos jours. Ces ballets sont signés par deux auteurs de génie : Vaslav Nijinski et Bronislava Nijinska, le frère et la sœur.
Pour ce programme, ces œuvres sont réinventées par Dominique Brun, une chorégraphe archéologue qui sait redonner vie à la modernité du passé, exhumer le texte original d’un ballet pour en faire rejaillir la fraîcheur de sa singularité.
Les Noces, est une reconstitution de l’œuvre de Nijinska qui s’est sédimentée au cours du temps et de ses différentes reprises (1923,1966, 1972…). Une pièce très documentée (carnets de création, croquis, schémas, etc.) dont Dominique Brun propose une interprétation et une dramaturgie très originales tout en mettant en valeur une version rare de la partition de Stravinsky datant de 1919.
Sacre # 2 est une recréation du Sacre du printemps, dans la version historique « selon » Nijinski, car, contrairement à la pièce précédente, toute trace écrite avait disparu sauf quelques dessins et photographies. Elle est présentée avec des costumes et un décor « d’époque » inspirés de ceux de Nicolas Roerich, sur la musique d’Igor Stravinsky. Sacre # 2 est petit joyau foisonnant de couleurs, de rythmes et d’une dynamique sauvage que n’aurait pas reniée Nijinski.
Enfin, Dominique Brun ose avec François Chaignaud une relecture très personnelle du Bolero créé en1928. La partition n’est donc pas celle de Nijinska, mais convoque, dans le corps androgyne de François Chaignaud, toutes les interprétations historiques de cette partition légendaire, incarnant tour à tour, Ida Rubinstein, Bronislava Nijinska, La Argentina et même Kazuo Ohno, l’inventeur du Butô.